(text for exhibition Et Après ? at Gallery Nathalie Obadia, Paris . 2015)
Il y a dans les peintures de Toba Yang une simplicité qui nous touche comme les morceaux choisis d’une lettre qui nous aurait été adressée. La peinture de Toba Yang s’écrit et se reçoit. Des bribes de récits oubliés, ou perdus. Rien de spectaculaire, ni d’extraverti. La peinture fragmentaire de Toba Yang nous retient: un portrait d’homme, l’apparition délicate d’une jambe sous une robe de taffetas bleue ciel, une lampe allumée, l’expression silencieuse d’un visage aux yeux baissés, un parterre de fleurs... Immergé dans cet univers poétique, il ne faudrait pourtant pas oublier l’humour contenu dans les titres de ses tableaux : « Tea Time Forever », trois agrafes dégrafées sur fond blanc en état de pause ; « Another Map », un homme tenant une carte routière dépliée recouverte de marguerites. Tout nous est familier et dans le même temps l’histoire se dérobe. Il faut dire aussi que Toba Yang ne fait pas que de la peinture, elle sculpte, elle installe - même des mots - ou dessine sur le mur le «Dialogue » de deux bulles se faisant face. Elle assemble ses objets et ses peintures dans l’espace, en s’amusant. Les tableaux de Toba Yang ne sont pas grands, ils laissent pourtant, de la place à ce qui est loin. De même la légèreté de la touche, associée à la fluidité de la matière picturale met en lumière des sentiments paradoxaux faisant osciller joie et tristesse, légèreté et pesanteur, humour et gravité. A l’occasion de l’exposition Et Après ? à la Galerie Nathalie Obadia, Toba Yang fera tous les deux jours une nouvelle proposition d’accrochage de ses peintures : une manière de « penser le déplacement » afin que rien ne s’arrête… Carole Benzaken
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