On commence par les jeux de société.
Échecs versus jeu de go : les règles du jeu déterminent la façon de penser.
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Deleuze a créé un parallélisme entre le jeu de go / les échecs et l’espace lisse (haptique) /l’espace strié (optique). L’espace lisse est comme le jeu de go, jeu où les pions peuvent apparaitre n’importe où, sans règle, alors que le jeu d’échec est très structuré. Selon lui, les différences entre les deux jeux sont en relation avec les différences entre un espace nomade et l’espace sédentaire des villes. Le jeu d’échecs produit le codage et le décodage de flux, le go produit la territorialisation et la déterritorialisation, les lignes de fuite.
Les échecs sont présents dans de nombreuses œuvres d’art. |
Deleuze. «Mille plateaux»
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«Chess» Tom Friedman
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Dans une œuvre de Tom Friedman intitulée «Chess», les pions sont remplacés par différents objets. Les valeurs et les hiérarchies de chaque pièce pourraient être si facilement décodées. D’un coup, on ne comprend pas comment jouer à ce jeu d’échecs. Les règles structurées ne sont plus là, face à la libération de ces contraintes, on joue avec notre imagination, avec des multiples règles, des possibilités infinies selon les spectateurs. C’est une nouvelle proposition du jeu. |
Cependant, pour ceux qui sont habitués aux règles du jeu, la liberté et l’absence de règle peuvent provoquer un sentiment de malaise. L’artiste propose une réflexion d’une manière très humoristique. |
Les possibilités multiples du jeu me rappellent les jeux de langage chez Wittgenstein : La langue est comme un jeu, elle est une réalité complexe sans l’essence unique, l’usage de la langue, la fonction de texte et contexte sont infinis à explorer, comme les possibilités de jouer au jeu d'échecs. Le mouvement de pion a un but et, de même, l'utilisation d'un mot a aussi un but, et puis les règles de cette utilisation sont aléatoires ou arbitraires, les règles du jeu et du langage
ne sont pas soumises à des restrictions strictes.
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Voilà donc pour le jeu d’échecs, il peut y avoir autant d’associations avec la vie quotidienne, la philosophie, l’œuvre d’art. Cela me confirme les limites de la définition classique du jeu et sa rigidité. Si je reprends la définition du jeu sur Wikipédia : «On peut définir le jeu comme une activité de loisirs d'ordre physique ou bien psychique, soumise à des règles conventionnelles, à laquelle on s'adonne pour se divertir, tirer du plaisir et de l'amusement» ; au moins, je sais que cela ne s'applique pas pour moi.
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